A l’image de sa déco, rustique dépoussiérée, sa cuisine sent bon la Provence » dépagnolisée « . De l’authentique, mais chic. » On ne vient pas chez moi pour faire un régime « , concède le chef à l’embonpoint gourmand, qu’on a connu au Lunch à Sormiou, avec un groupe électrogène et pas de frigo. Rue Grignan, à un jet de cuillère du Palais de Justice, il s’est embourgeoisé. Dans sa salle à manger cosy, tons chocolats rehaussés de rouge comme la cerise sur le gâteau, il voit défiler tout le gratin judiciaire. Cela ne l’impressionne guère, lui qui a travaillé à Matignon et chez Mme Pompidou… Il revisite la cuisine d’hier, mais point trop, car ses clients aiment saucer. Il leur sert aussi de la fraîcheur (tarte sablée tomate mozza di buffala), de l’originalité (sorbet poivron sur un carpaccio de thon rouge), de la délicatesse (nage parfumée pour un pageot aux spaghettis de courgettes), et toujours cette générosité qui fait sa patte… Ce chef matinal et consciencieux prend encore la peine de cuire ses petits pains et d’émincer ses carottes à la main. Un pro, qui résiste à la tentation bistrot et continue de proposer une sérieuse cuisine gastronomique.